Habemus Papam : Léon XIV, le pape américain
Comme à chaque conclave, l’histoire a été marquée par cette nouvelle élection.
Mais, comme pour la précédente élection papale en mars 2013, l’histoire est d’autant plus marquée que, pour la deuxième fois, le successeur de Saint Pierre nous vient du nouveau monde et, pour la première fois, il est citoyen des États-Unis d’Amérique.
Robert Francis Prévot ainsi vient d’être choisi par le Collège des Cardinaux pour devenir le nouveau souverain pontif, François qui nous ayant quittés quelques semaines plus tôt juste après avoir célébré une dernière fois le dimanche de Pâques, en adieu au plus d’un milliard de catholiques qui le suivaient comme pasteur universel.
Le profil du nouveau vicaire du Christ est tout aussi intéressant que celui de son prédécesseur et mérite que l'on s’y attache.
Originaire de Chicago, il a dans son ascendance des français, des italiens, des espagnols et des créoles, sa grand mère est même normande.
De par ses origines diverses, mais aussi son parcours de vie, le pape Léon XIV maîtrise le latin, le français, l’italien, l'espagnol et l’anglais.
Il grandit dans l’Illinois et représente une vision très “midwest” du catholicisme, faisant son séminaire dans le Michigan et ayant même gardé l’accent de cette région des Etats-Unis, mais il étudiera en Pennsylvanie à l’Université Catholique Villanova, liée à l'ordre des Augustiniens, qu’il rejoindra. Ses domaines d’études furent la philosophie mais aussi les mathématiques et il entreprit une thèse de droit canon dans cette université avant de l'abandonner pour répondre à l’appel de la mission.
C’est ainsi qu’il se retrouvera dans des parties pauvres du Pérou, pour répondre à sa vocation de missionnaire.
Loin d’être anecdotique, Robert Françis Prevot développera une vraie relation avec le Pérou, en obtenant la nationalité et devenant même évêque de Chiclayo en 2013, restant à ce poste jusqu’en 2023.
Partageant sa vie entre Chicago et le Pérou, il continuera de se révéler au travers de l’ordre des Augustins devenant même prieur général de l’ordre en 2013.
Engagé dans dans l’Eglise, notamment en ce qui concerne la lutte contre les abus commis par le clergé, cela lui vaudra d’être nommé au dicastère des évêques par le Pape François, chargé de découvrir les nouveaux évêques pour l’Eglise.
Proche des préoccupations de François, qu’il avait accompagné dans son voyage en Corse, sur les questions sociales (d'où le choix de son nom papal sur lequel nous reviendrons) Léon XIV est doté pour réussir à relier Sud et Nord et pour porter une attention particulière aux plus faibles, dans l’esprit de son prédécesseur.
Candidat qui ne fut pas pressenti par la presse généraliste, qui s'attendait à voir un successeur de François plus évident, il aurait, semble t’il, brillé au conclave, entraînant l’adhésion de toutes les “factions” du Collège des Cardinaux.
Les nombreux commentateurs, surement du fait de la nature plus réformatrice et politique du pontificat de François, ont tenté d’analyser une hypothétique nature conservatrice ou progressiste du futur Pape.
Dans son parcours au Pérou, il dénonça à la fois les exactions de la dictature de droite d’Alberto Fujimori et des terroristes communistes du Sentier Lumineux.
Etant américain, on peut voir facilement que Léon XIV est officiellement inscrit en tant que Républicain sur les listes électorales et a voté aux dernières élections, mais ce dernier a aussi montré son opposition à l'utilisation d’un concept augustinien par JD Vance sur l'ordonnancement de l’amour que l'on doit donner à son prochain (sans pour autant montrer de symptome de TDS, Trump Derangement Syndrome) et, s’il rappelle en toute occasion la dignité humaine et la nécessaire charité envers les migrants, il a aussi pu, dans certaines interventions, dénoncer le nombre et la difficulté que l’immigration massive pouvait imposer aux sociétés hôtes.
Dans tous les cas, bien que officiellement inscrit en tant que Républicain, on peut se demander quelle est la pertinence de classer un homme d'Église, représentant une institution plurimillénaire et, par nature, transcendant les cultures, dans le spectre très limité de la politique occidentale démocratique du XXIème siècle, en déplaise aux extrémistes politiques, aussi bien certains MAGA qui, sans chercher à creuser, le traitent déjà de woke que des activistes d'extrême gauche, qui méconnaissent François, et n’hésitent pas à caricaturer Léon XIV pour sa fidélité à l'enseignement moral de l’Eglise sur les questions de sexualité.
Le fait qu’il soit augustinien et missionnaire ainsi est, pour le nouveau Pape, plus représentatif de son pontificat qu’une quelconque allégeance prêtée à la “droite” ou la “gauche” d’autant plus que ce n’est pas à l'aune de ses déclarations passées que l'on juge un pape mais bien au travers ses paroles et ses actes de son règne.
Mais, en ce qui concerne sa vision de l’Eglise et de sa place sur le trône de Saint Pierre, nous pouvons déjà remarquer certaines grandes différences avec le style de son prédécesseur.
Ainsi le choix de Léon comme nom de règne en dit déjà long : les Léons furent, au cours de la longue histoire de l’Eglise, souvent de grands papes d’action, luttant contre les hérésies et défendant la foi, mais ce qui est le plus intéressant à noter, est la figure du précédant Léon, probablement l’inspirateur du Léon actuel, Léon XIII.
Léon XIII fut l’instigateur de la doctrine sociale de l’église (à laquelle nombre de conservateurs, dont JD Vance, se revendiquent) qui place les plus pauvres au coeur des préoccupations politiques, il dénonce aussi le socialisme, relança les études thomistes et célébra l'archange Saint Michel, qu'évoque Léon XIV lors de sa première apparition sur le balcon face à la place Saint Pierre.
Outre ce choix tout à fait symbolique et porteur, Léon XIV eut d’emblée d’autres gestes symboliques qui peuvent laisser envisager une autre approche, après les années plus réformistes de François, ainsi dès sa première apparition, il fut revêtu de tout l’habit Papal au contraste de son prédécesseur arrivant sur la place Saint Pierre dans une modeste tenue blanche et, là où François déclara un simple et amical “Frères et Soeurs, bonsoir”, Léon XIV lui commença par un appel à la paix, en ces temps pascals, et pria en latin Saint Michel et la Vierge Marie.
De plus, le lendemain lors de la messe de clôture du conclave, il porta la croix de Pie IX et réalisa une homélie pleine de rappels théologiques aux temps de Pâques, à la résurrection, à sa place en temps que successeur de Saint Pierre, à l'opposition à l’athéisme de fait et à certains aspects de la modernité, sans évoquer de sujet politique, à l’instar de son prédécesseur, tel que migrants ou réchauffement climatique.
Si Léon XIV n'eut de cesse aussi d’avoir des paroles respectueuses envers François, tous les signaux que le nouveau pape a choisi d’envoyer semblent être tournés vers les branches plus traditionnelles de l'Église qui semblaient parfois être aliénées par les actions de François.
Quoi qu’il en soit, l’action du nouveau Pape se fera dans le cadre d’une Eglise qui, certe, est divisée mais qui semble véritablement remplie d’un nouvel engouement, en témoigne la couverture médiatique du conclave mais aussi les grandes vagues de baptêmes qui secoua le monde durant la dernière Pâque.
Léon XIV sera un pape jeune, 69 ans seulement, et il est clair qu’il a été choisi pour être un Pape rassembleur sachant amener l’Eglise, dont il est le pasteur, vers plus d’éclat pour le XXIème siècle.
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