Des nouvelles du Pacifique
Les eaux du Pacifique se sont montrées plus troubles qu'espéré.
Le cadre institutionnel d’autonomie étendue que j’ai grandement défendu et que, d’une certaine façon, je défend toujours, montre aujourd’hui des grandes craquelures, avec des failles, venant tant du côté du Pacifique que de la métropole.
Ainsi, la paradiplomatie montre ses limites : les indépendantistes kanak et polynésiens au pouvoir signent un mémorandum avec la République d'Azerbaïdjan, état souverain et hostile à la France du fait de sa guerre d’agression contre l’Arménie.
Cette paradiplomatie que j’ai longuement abordé, notamment en tant qu’opportunité inouïe de forger et entretenir des liens profonds dans l’indo-pacifique avec les divers peuples et nations de la région, révèle ces problèmes que j’avais aussi pointés du doigt : le risque d’ingérence et d’entrisme hostile.
Ces régions sont stratégiques tant par leur emplacement sur la carte du monde que pour les ressources qu’elles contiennent, notamment le nickel en Nouvelle Calédonie, et ce sont aussi des régions très lointaines où le regard de la métropole n’est que rarement fixé.
Les passions et aspirations indépendantistes, liées à cet éloignement géographique et culturel, se retrouvent, lorsque mis en relation avec des forces hostiles à la France, être une faiblesse stratégique à ne pas négliger, d’autant plus que le mécanisme de paradiplomatie qui donne une dimension internationale à ces passions, est, lui, bel est bien négligé par l’Elysée, le Quai d’Orsay, Beauvau et Matignon.
Ce mémorandum est très hostile envers la France qui l’accuse, au travers la co-signature de représentants officiels de territoire autonome français, de colonialisme et d'oppression. L'Azerbaïdjan est une nation du Caucase, plus proche de la Mer Noire que des eaux du Pacifique, ce n’est pas une puissances économique, maritime et commerciale qui justifierait sa présence aussi lointaine, sa force, ce pays le tire de son commerce de gaz avec l’Europe, à l’autre bout de la planète.
Pourtant ce pays embourbé dans une guerre d’agression contre son voisin arménien choisit de perdre des ressources diplomatiques pour signer avec des hauts dignitaires d’une lointaine province française des mémorandums critiquant la France.
Il ne fait pas de doute que les azerbadjainais n'avaient d’autre raison d’agir ainsi que de tenter une entreprise de déstabilisation à l'encontre de la France, nation qui porte l’Arménie dans son cœur depuis des années.
La paradiplomatie, ainsi, comme j’avais pu l'écrire, a été utilisée contre la France et, ce, sans que l'État ne s’en mêle.
Si le mécanisme en soit n’est toujours pas mauvais ou vicié, et peut être utilisé de façon sage, utile et morale, le fait est que nous avons bien vu aujourd’hui que, lorsque confié à des forces indépendantistes qui ont le soutien de puissances ne voyant pas la France d’un bon oeil, ce mécanisme peut être utilisé pour s’allier dans une optique anti-française avec des pays anti-français, non respectueux des droits de l’homme et du droit international (triste preuve que l’indépendance n’est peut être pas encore le meilleur chemin pour les français du Pacifique qui pourraient l'utiliser de façon illibérale et anti démocratique, aussi à leur propre détriment).
La Chine, l’Australie et même la Russie ont souvent fait de l’ingérence dans le Pacifique français mais, là, l'Azerbaïdjan a dépassé un nouveau cap et se place définitivement ce pays parmi les ennemis de la France.
Mais plus grave encore (et peut être lié du fait de la présence de mines de nickel), de l’étrange timing concernant le fameux mémorandum et de la présence de drapeaux azerbadjainais dans la panoplie des émeutiers) les émeutes en Nouvelle-Calédonie, émeutes au mode opératoire plus similaire à celles qui ont frappé la métropole l’été dernier dans les banlieues que des méthodes traditionnelles des indépendantistes kanaks, au point que le Premier ministre et le Président parlent tous deux d’état d'urgence.
Nouméa est à feu et à sang et on recense des blessés et même des morts.
Les raisons de l’embrasement, le vote par le Sénat, comme prévu, du dégel du corps électoral pour les élections provinciales.
Afin que les référendums concernant l’indépendance calédonienne soient réalisés de façon juste et honnête vis à vis du peuple historique de la région, le corps électoral fut gelé et ouvert seulement aux habitants les plus anciens afin que la décision concernant l’avenir de l’archipel et des peuples kanak et caldoche ne soit pas confisqué par les choix des derniers arrivant d’autant plus que il y eu une politique de dilution démographique du peuple kanak en Nouvelle Calédonie organisé via une imigration de peuplement par l’état français.
Une fois les trois référendums sur l’indépendance achevés et entérinant par trois fois une volonté du peuple calédonien, représenté par ce corps électoral gelé, de rester français, les procédures constitutionnelles prévoyaient un dégel du dit corps électoral afin que tous les citoyens français habitant de l’archipel puissent voter, comme cela est le cas partout en France y compris en Polynésie qui pourtant vit sous le même régime d’autonomie étendue. Alors qu’en métropole les processus constitutionnels furent lancés pour permettre ce dégel du corps électoral, afin de préparer une nouvelle page de l’histoire calédonienne après le choix clair et répété du peuple de rester dans le giron français, une coalition des indépendantistes (probablement soutenue par des forces étrangères) s'opposèrent à cette évolution institutionnelle pourtant attendue par des manifestations qui évoluèrent en émeutes et qui sont à la limite d'évoluer en insurrection au point que l'on recense des morts, particulièrement chez les forces de l’ordre, maintien de la paix civile, qui sont la cible des émeutier attaqué jusque dans leurs propres maisons.
La situation est à la quasi-guerre civile, l'État en est à reconquérir des territoires qui échappent au contrat social. Les milices indépendantistes ciblent les citoyens d’origine européenne et non-mélanésienne dans un racisme se revendiquant du dé-colonialisme tout en arborant des emblèmes de la République d'Azerbaïdjan au côté des symboles habituels de l’indépendantisme.
Si à Tahiti, même sous la présidence des indépendantistes, les différente communautés vivent en osmose et en toute amitié, avec la culture polynésienne et les moeurs douces du Pacifique comme liant, là en Nouvelle Calédonie, le conflit se fait plus sur des lignes ethniques que politiques et les indépendantistes révoltés non seulement prennent pour cible une part de la population pourtant présente sur son sol depuis plusieurs générations, mais, en plus, par leur violence, instillent une méfiance entre les calédoniens qui empêche ou plutôt qui retarde une osmose similaire.
Ces terribles émeutes discréditent le camp indépendantiste : peut on confier le destin d’une nation souveraine à une faction qui ne respecte pas le principe d’état de droit, de choix démocratique et de paix social, et qui, outre la violence, est prête, pour atteindre son but, de s'allier à n’importe quelle force étrangère qu’importe sa moralité?
Une indépendance réalisée par une telle faction sera t elle le règne de l’ordre, de la morale, du respect du droit et de la démocratie dans un cadre institutionnel permettant de réaliser pleinement et noblement l’autodétermination populaire ou bien, ou, à contrario, comme le laisse présager ces présents événements sera t’elle le règne de la corruption, du chao, et de la vente des intérêts nationaux aux plus offrants parmis les prédateurs étrangers ?
Le Mahatma Gandhi forgeat l’indépendance indienne en choisissant la voix de l’absolue non violence et de la réalisation spirituelle ouvrant la voie à la fondation de la démocratie la plus populeuse de la planète (bien qu'elle ait ses propres défauts), Washington défendit l’indépendance américaine en incarnant la vision d’un Cincinnatus des temps nouveaux, laissant à cette jeune nation un idéal sur lequel se fonder, la Kanaky quand à elle ne semble pas choisir de telles voies pour son indépendance, préférant le modèle du FLN algérien qui n’a apporté qu'à sa nation corruption et désordre.
Aujourd’hui la Nouvelle Calédonie est renvoyée trois décennies en arrière et les espoirs qu'on aurait pu placer en son avenir après l’ultime victoire du Non sont perdus car il sera difficile, après tout ça, de faire revivre une envie de chercher un consensus sur une nouvelle Nouvelle Calédonie plus fermement française tout en étant plus fermement autonome et enracinée dans sa véritable identité.
La violence entraîne inévitablement de la méfiance et de l’incompréhension et donc le chemin sur lequel s’engage la Nouvelle Calédonie et, avec elle, la France dans l’Indo Pacifique, s’annonce plus sinueux qu’il n'aurait pu être si un cap plus clair et une vraie ambition avait été pensés pour ces territoires lointains avant que des forces étrangères et néfastes décident d’agir dans des intérêts contraires.
Les indépendantistes n’ont montré aucun respect pour les institutions et leurs concitoyens, l’état doit se montrer ferme face à eux, prendre en compte des demandes légitimes concernant tous les kanaks et pas uniquement la minorité agissante émeutière certes, mais ne leur laisser aucune possibilité de nouveau recourir à la violence ni de relancer un nouveau processus d'autodétermination qui ne serait que tolérer de telles méthodes et d’accepter que l'on manque de respect et de considération aux institutions démocratiques et républicaines.
Ce n’est pas un affrontement Kanak contre Européen, ces émeutiers là encore une fois ne représentent qu’eux mêmes et peut être un peu aussi la République d'Azerbaïdjan (et leur attaques touchent indistinctement les calédoniens de toute origines et ils sont hostiles non pas seulement aux européens mais aussi à tous les non-mélanésiens et au kanaks non indépendantistes), ni même un affrontement entre indépendantistes et loyalistes car beaucoup d’indépendantistes ont aussi choisi, dans le respect, de mener leur combat dans un cadre démocratique et car les partis indépendantistes institutionnels ont non seulement condamné mais ont aussi perdu la main sur les événements, mais c’est une attaque du chaos contre l’ordre.
Le Prétexte du dégel du corps électoral n’en est qu’un : c’est bien le corps électoral gelé qui a, par trois fois, rejeté l’indépendance, et l’excuse du boycott du dernier référendum, considéré perdu d’avance par les indépendantistes n’en est pas un pour remettre en question un choix démocratique clair qui n’est que remit en cause par des forces hostiles à la France et voulant la boutter du pacifique. Il est néanmoins a noté que le gèle du corp électoral à comme vertu de protéger les destinées démocratique du peuple de Nouvelle-Calédonie historique, loyaliste comme indépendantiste, face a une potentiel dilution face a une immigration métropolitaine héliotropique.
Le Président de la République avait pourtant, dans le cadre des ses grands discours d’annonce stratégique, visité la Nouvelle Calédonie suivant de tels projets et parlé avec les chefs kanaks. Mais ces interventions n’ont peut-être pas été les plus appréciables. Rappelons-nous, c’était le 24 juillet 2023. Il avait parlé de l’importance stratégique de l’archipel, avait pour une fois fait preuve initialement d’un “en même temps” utile en rappelant la possibilité d’un respect du peuple kanak et de son identité dans le cadre français avant d’avoir fait des remontrances envers les chefs kanak les accusant de rester coincé dans une “identité figé” dans un excès de progressisme qui sonnait plus comme du paternalisme colonial que comme l’injonction à entrer dans la “startup nation” qu’il espérait sans doute en reprenant ce genre de poncifs dont il est habitué à tenir en métropole dans un cadre de lutte contre la droite, sonnant presque comme une injonction au “perdant” du référendum d'abandonner ce pour quoi ils s’étaient battus symboliquement plutôt que de nouveau tendre la main vers une nouvelle voie comme son “en même temps” initial aurait pu laisser supposer. Finalement, son passage fut un non-passage et mettait plutôt en exergue la déconnection entre le Président et les enjeux indo-pacifique.
Certaines promesses ou plutôt aspirations ont ainsi été rompues : non à l’indépendance mais oui à une autonomie dans le respect et la préservation culturelle et, là dessus, le Président a pu certe se montrer coupable de mépris mais les indépendantistes, eux, se sont rendus coupables face à cela d’un refus d’accepter leur triple défaite et la construction d’un nouvel avenir kanak au sein de la République dans le cadre institutionnel qui avait été fixé. Et face à cela, les puissances hostiles sont toujours prêtes à saisir l'opportunité d’une telle faiblesse pour déstabiliser la France, l’attaquant là où ça fait mal et, ou de tout évidence, l’attention n’est pas pleinement porté.
Il ne faut pas non plus penser que ces événements si sombres sont un disqualification du principe d’autonomie : une autre voie est encore possible où la culture kanak soit respectée et puisse fleurir sur son île ancestrale dans le cadre de la république française.
Ces émeutiers, probablement instrumentalisés par des forces obscures ne représentent qu’eux mêmes, il ne faut pas oublier que les référendums furent légitimes et clairs quand à la volonté des néo-calédoniens, qu’importe leurs origines, de rester fidèle a la France autant qu’ils souhaitent rester fidèle à eux mêmes et à leur traditions.
Tout cela est, en prime, à mettre en parallèle avec l’épidémie de choléra qui touche nos compatriotes de Mayotte de l'autre côté de la région indo-pacifique.
Si pour nous le choléra est quelque chose de lointain, rappelant le souvenir du premier ministre Casimir Périer mort de la maladie pour les passionnés d’histoire, ou rappelant le lien inévitable entre l’odeur des amandes amère et les amours contrariées aux plus littéraires, le fait est que dans une région de France, cette maladie terrible sévit encore et fait des morts dans une indifférence inquiétante qui est un nouveau signe du désintérêt de la métropole envers les outres mer qui, en plus du respect que l'on doit à des régions et des citoyens français, sont une richesse inouïe pour notre nation, lui donnant une envergure mondiale, sur laquelle le soleil ne se couche jamais.
Il faut que cette multiplication de drames et de tragédies dans nos outres mer si précieuses servent enfin d'électrochoc à l'exécutif métropolitain afin de repenser une politique ambitieuse qui placerait ces territoires autant stratégiques que patriotiques au coeur d’une vision nouvelle, alliant respect des peuples et de leur cultures, à la présence d’un état capable d’élever matériellement le niveaux de vie de ces régions.
Lutter contre l’ingérence étrangère et la division qu’elle apporte autant que de renforcer une autonomie patriotique devrait être une priorité numéro un du gouvernement dans le cadre de sa politique de projection mondiale.
Si la France veut être à la hauteur de ces ambitions mondiales, encors une fois, elle se doit de renforcer ce qui fait d’elle une nation mondiale et donc d’être à la hauteur du défi que représente notamment l’Indo-Pacifique et la place quasi-naturelle que la France est censée y occuper..
Quand a la Nouvelle Calédonie plus précisément, un dialogue doit être réinstaller dès que les émeutes se terminent, la paix étant l’objectif, l’amitié entre les communautés la voie, l'autonomie étendu le véhicule et la France le cape, telle que choisi démocratiquement.
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