Histoire, science et épopée : de Homer et Simia Qian à Vladimir Poutine et à l'U.E, réflexions sur l'Histoire en tant que science et en tant qu'art moral et littéraire au service de la Res Publica
Lors de son interview avec Tucker Carlson, Vladimir Poutine étonna tout le monde, Tucker Carlson le premier, en faisant un long exposé de 30 minutes sur l’histoire des frontières russes, exposé qui fit que beaucoup dirent à moitié en rigolant que les diagnostics qu’avait fait la CIA, prêtant au président Russe le syndrome d’Asperger, était peut être plausible.
Si l'on peut évidemment remettre en question la vision qu’a déployée Vladimir Poutine sur l’histoire de l’Ukraine, le fait est qu'un tel déploiement historique, à en juger par le visage de Tucker Carlson et par les réactions occidentales, en a surpris plus d’un.
L’Histoire pourtant a toujours été, quelque soient les peuples, le vecteur principal pour susciter une légitimité, voire même une moralité, à un acte politique.En témoigne aussi la volonté qu’a récemment montré le Parlement Européen de se constituer soit même une “conscience historique européenne” mettant en avant ses Pères Fondateurs et l’idée de s'émanciper des nations alors même que l’U.E s’est constituée dans une volonté de sortir de l’Histoire (dans le sens de Francis Fukuyama ou d'Emmanuel Kant) et s’est toujours opposée aux romans nationaux et plus généralement à une vision sentimentale de l’héritage historique présentée comme étant la porte ouverte aux dérives du 20ème siècle (alors même que les totalitarismes, à l’instar de l’U.E, avaient une vision de la Fin de l’Histoire, bien que non libéral, et de l’arrivée d’un âge nouveau sorti des conditions historiques de l’Humanité, voyant dans l’Histoire non pas un enseignement moral et politique, un récit sentimental, mais une lutte menant à cette apothéose de l’Homme nouveau, que ce soit dans la vision marxiste du matérialisme historique (dont se revendique encore certains historiens s'opposant au roman national au travers de ses évolutions post-modernistes) ou dans la vision national-socialist de la “guerre des races” présentée comme le pendant idéologique nazi de la guerre des classes).
Ainsi, même l’U.E cherche dans son histoire, encore très récente, des héros et des grands récits, une morale légitimante et un guide d’actions pour inspirer le présent, s’affirmant ainsi par là, en se dotant à son tour d’un récit, comme une entité d’une certaine façon aussi organique et naturelle qu’un Etat Nation construit par des siècles d’histoire, animé par une volonté de continuité historique et qu’éclaire un grand récit romantique déclarant même que ce texte sur la “conscience historique européenne” “exprime l’espoir qu’une «communauté de destin» (notion très souvent invoquée par certaines écoles du nationalisme corse) entre les peuples européens émergera d’un travail historique commun” rappelant par là que, dans une idée d’un nationalisme très “Ernest Renan” que le récit, plus que la langue, le sang ou même la terre, fonde la Nation.
De cette façon, à quelques jours d’écart, nous avons vu deux acteurs aussi radicalement différents et antagonistes que l’Union Européenne, via son Parlement, et Vladimir Poutine, via son exposé, promouvoir l’idée que l’Histoire comme élément politique et moral pour une entreprise politique semble revenir sur le devant de la scène.
Souvent en France, le débat sur le roman national, ayant forgé l’imaginaire et le sentiment d’appartenance nationale à des millions et des millions de petits français depuis le temps des Hussards Noirs de la République, voire même avant, se relance par lui même, beaucoup, à droite comme à gauche, estimant fondamental pour le sentiment d’appartenance à la France ou à la République, et à chaque fois que ce débat, aussi vieux que le baptême de Clovis, revient sur le devant de la scène, des tenants d’une vision historique se voulant “scientifiques”, souvent engagés dans la gauche radicale, viennent s'opposer à de telles conceptions les estimant “dépassées”, “non-scientifiques”, “rabougris” ou les qualifiant de propagande.
Pour eux, l'Histoire serait une science qui ne doit pas être réduite à quelques grands événements et quelques grands personnages, ne devant pas être chronologique mais thématique, et devrait avant tout être méthodologique.
Ces derniers historiens, qui n’aiment pas l’Histoire, insistant presque pour que l’Historiographie, domaine important s'il en est, soit presque ce qui en CM2 remplace comme matière enseignée, l’Histoire de France, remplaçant l'émerveillement face aux grands actes du passé par l’étude critique et austère de sources poussiéreuses.
Le récit de l’histoire de France de Clovis jusqu'à Charles De Gaulle dans lequel se plongeaient jusque-là les gens, serait ainsi pour eux de la mauvaise littérature, récit auquel il faudrait privilégier une approche post-moderniste, non basée sur les grands personnages, mais sur des segments de la populations et leur rôles face au pouvoir (car l’idéologie pointe souvent son nez sous couvert de l'objectivité scientifique) et sur une étude critique des sources.
Ainsi par exemple, s’il ne fait pas de doute que La Guerre des Gaules ou Le Mémorial de Saint-Hélène sont des récits ayant pu servir à la gloire personnelle de leurs illustres auteurs (ou inspirateurs dans le cadre du Mémorial), ce n’est pas uniquement cette aspect là qu’il faut retenir de ces ouvrages qui, peut-être plus pour le second que pour le premier, fourmillent de détails historiques véritables et offrent une vision claire et précise de l'essence d’une époque et d’un personnage, en plus de leur qualité littéraire, quand bien même ces derniers ne toucheraient pas à l'objectivité pure.
Nous vivons dans une société extrêmement façonnée par ses média et il est donc naturel et logique que l'analyse du rapport à ces média soit aussi importante, qu'il s'agissent de documents historiques comme des faits plus actuels, néanmoins il est dommage que ces critiques médiatiques semblent de plus en plus être le seul horizon intellectuel donné. La réflexion peut être sur le fond et pas uniquement sur la forme et les théories redevenir de temps en temps théorétiques ou spéculatives et non plus uniquement critiques et sceptiques.
La remise en question et la critique scientifique sont nécessaires mais s’il est important de prendre du recul, il est aussi nécessaire de garder à l’esprit ce qui fait l'intérêt de l’Histoire en tant qu’art et domaine d'intérêt humain et que ne pervertit pas une présentation orientée naratologiquement ou romantique.
Si donc l’Historiographie et le recul face à la subjectivité des sources restent tout de même importants et qu’il ne fait pas de doute que la science dure de la reconstruction du passé ne doit pas se laisser empoisonner par des considérations d’ordre moral ou politique dans les découvertes et leur présentation, car comme l’a dit le Professeur Henry Jones Jr “L’archéologie est la recherche des faits et non de la vérité”, le fait est qu’en déplaise aux historiens post-modernistes et à leur vision sans souffle, l’Histoire, elle, à la différence de l’archéologie, est, par essence, hautement littéraire et le fait que l’on ait décidé de la retenir ainsi au point que même l’Union Européenne s'accommode de telles pratiques, de façon différenciée de la recherche pure et dure des faits matériels scientifiquement classifiables, à une fonction humaine profondément importante.
L’exemple de l’Union Européenne est parlant : ce texte sur la “conscience historique européenne” prétend s’éloigner des visions déformées et instumentalisées de l’Histoire et se rapprocher de ces visions pseudo-historiographiques d’une neutralité qui n’est que prétendue (neutralité effacée tout de suite dans ce texte du parlement européen par un jugement moral aux fortes colorations politiques ancrées à gauche et dans les théories critiques très “engagées” : ”(Le Texte) estime que le chauvinisme, les stéréotypes sexistes, les asymétries de pouvoir et les inégalités structurelles sont profondément ancrés dans l’histoire européenne, et déplore l’absence d’une approche suffisamment multiculturelle et sensible au genre dans l’enseignement de l’histoire; considère qu’il est essentiel de lutter contre la marginalisation des femmes et d’autres groupes de la société sous-représentés dans l’histoire”) face à l’Histoire, tout en avouant que ce projet “souligne combien l’apprentissage de l’intégration européenne, de l’histoire, des institutions et des valeurs fondamentales de l’Union ainsi que de la citoyenneté européenne est indispensable à l’émergence d’un sentiment d’appartenance européenne” et rappelant, par là, en reiterant leurs objetifs d’un texte fondé sur une vision historique, que, en dépit de ces revendications scientifiques, l’Histoire, à l’exeption peut etre de la science archéologique, reste un récit fondateur menant la direction ou plutot constituant l’inspiration des visions des actions des groupes politiques humains.
Ce projet européen, s’il est tout à fait opposable (ou au contraire soutenable) dans l’esprit et dans l’inspiration, ainsi présente l’ambivalence de l’Histoire : le projet parle de faits et de leur dureté impénétrable, de la nécessité de les traiter avec hauteur, rigueur et précaution mais que l’Histoire, au delà de cela, est un élément structurant, humain plus que factuel, apportant un élément central à la vision politique : sa transcendance.
Ce texte, sous couvert de neutralité, et de salutaire lutte contre le totalitarisme, finalement avoue du même coup que l’histoire n’est pas une question de neutralité mais de mythologie, prétendant qu’il est nécessaire pour la concorde Européenne de présenter le passé comme des ténèbres sans fin auxquelles Monnet, Schuman et consorts ont commencé à apporter les premiers rayons salutaires : Le texte lui même parle de Mythologie et “reconnaît que les horreurs du passé servent de «mythe fondateur négatif» et donnent un sens profond au projet de paix européen”; en ajoutant tout de foi “mais constate que le souci de l’Union de raconter son histoire ex negativo risque de nourrir une conception téléologique, simpliste et manichéenne de l’histoire, ce qui pourrait nuire à une compréhension pleinement informée du passé complexe de l’Europe et réduire les incitations à remettre en cause les stéréotypes et les vaches sacrées des histoires nationales” surement du fait de la nature hétéroclite de la coalition ayant porté ce texte qui veut parler de mythes et de légendes, noirs et dorés tout en revêtant les apparences de la raison qui est la valeur phare de la modernité et la source ainsi de toutes les légitimités.
Finalement en tentant à la foi d’établir une histoire basée sur la recherche des faits mais aussi sur un grand récit et une “vérité” éclairée, le parlement Européen et sa résolution Historique du 17 février ne se distingue pas tant de Vladimir Poutine, qu’elle combat expressément, notamment dans ce texte faisant mention directe aux utilisations politiques de l’Histoire par la Russie, qui tout en déroulant doctement dans un développement qui apparaît aussi comme un appel à la foi au récit à une invocation de la raison, le roman national russe, tend à Tucker Carlson, gêné, des documents historiques dans un cahier très épais pour lui aussi montrer que son grand récit est le fruit de la recherche des faits historiques et de froids documents.
Si la recherche des faits historiques concrets, leur analyse et leur classification sont d’une importance capitale pour le savoir humain et donc pour toute société humaine avancée, le récit romantique des événements historiques déjà catalogués, ou, tout du moins, déjà transmis, n’en est pas moins fondamental pour l’être humain et les sociétés qu’ils constituent. Les deux modalités n’étant pas incompatibles mais parallèles, la seconde n’étant pas tant la version déformée de la première mais belle est bien une réanimation nécessaire aux buts premiers de l’Histoire : la réflexion.
Réflexion dans le sens de mouvement de retour critique autant que dans le sens d’introspection nécessaire à la compréhension de son expérience empirique vécue, ce qui est par là tout à fait différent de la compilation et de la froide recherche factuelle et mondaine que prétendent incarner ces historiens opposés au roman national pour des raisons souvent plus politiques que scientifiques.
Ainsi, face à ces questions sur l’Histoire qu’ont soulevées ces deux précédents événements mis ici en miroir l’un de l’autre, je n’ai pu m'empêcher de penser, dans cette manière de rappeler l’Histoire de façon à soulever des arguments moraux et des conclusions politiques, à l'historien chinois Sima Qian.
Sima Qian (né en -145 avant Jésus Christ et mort en -86), si il n’est pas forcément très connu en Occident hors quelques cercles s’intéressant à la Chine, il n’en reste pas moins une des figures les plus fondamentales de cette civilisation.
Outre le fait d’être un des fondateurs du calendrier chinois, son rôle en tant qu’historiographe et en tant qu’historien en fait un des fondateurs de la pensée chinoise traditionnelle et de la pérennité exceptionnelle du modèle civilisationnel chinois.
Fils lui même d’un historien qui avait commencé à compiler un grand nombre de documents historiques remontant aux temps les plus reculés de l’Histoire Chinoise jusqu'à leur propre époque (celle des débuts de la Dynastie Han, période troublée mais garante d’une nouvelle stabilité après les périodes qui les ont précédé qui sont celles des Printemps et des Automnes, des Royaumes Combattants et de la guerre entre Han et Quin).
Sima Qian poursuivra et approfondira drastiquement l’oeuvre de son père qui se fondait sur un des grands classiques confucéen “Les Annales des Printemps et Automnes” que l'on tenait comme étant compilées par Confucius lui même, chronique historique remontant à des événements revenant jusqu’au VIIIème siècle de la cour de l’Etat de Lu et remontant au Vième siècle avant le Christ où cette chronique fut finalement compilée.
Mais là où Sima Qian innove par rapport à ce classique confucéen, qui est avant tout une suite d'événements sans commentaire et dans un style extrêmement sobre, c’est dans un rapport nouveaux et réflectif à l'Histoire dans une optique à la foi confucéenne mais aussi rigoureuse et scientifique.
Outre l’important travail de compilations, d’analyses critiques et de présentations de documents anciens qui servent de fondation scientifique et technique à son travail, Sima Qian écrit aussi l’histoire, dans un style très littéraire, notamment la vie des grands hommes de son temps et des temps passés afin de leurs vies riches en événements (bons ou mauvais) soient aussi pour quiconque les lit, riches en enseignements.
Pour Sima Qian, l’Histoire est la pierre angulaire d’un bon gouvernement, il est donc nécessaire, afin que celle-ci inspire les dirigeants par les grands exemples du passé et les induise à rejeter les exemples de gouvernements injustes ou tyranniques, que cette histoire soit à la fois véridique, qu'elle ne soit pas de la pure invention littéraire mais qu'elle repose sur des faits avérés, mais aussi qu’elle soit présentée de façon morale, plaisante, littéraire et didactique.
Son histoire de la Chine, Shiji, ainsi revient en profondeur et en détails sur les grands événements qui ont mené à l'unification, puis en morcellements en royaumes combattants et enfin de nouveaux à l'unification de l’état central Chinois, sur la chute et l'ascension des dynasties, et l’établissement ou la perte de la Justice en Chine, en s'intéressant ainsi aux grands hommes qui ont fait ces événements et qui ont écrit par leurs actes l’Histoire : des rois, des empereurs, des nobles, des généraux, des sages, etc mais aussi sur des personnages significatifs mais d’autres rang : des courtisanes, des princesses, des bandits, des chevaliers errants, des commerçants, etc.
Le travail de Sima Qian eut un impact majeur sur la psychée chinoise, morale et politique, celui-ci ayant permis d’avoir une source solide et fiable sur de nombreuses grandes figures telles que Confucius lui même dans le sillage duquel il se plaçait, mais aussi par la force des couleurs des grandes leçons qu’il peignait avec l’Histoire. Ainsi le Shiji servit de modèle à une grande tradition historique et historiographique chinoise qui est celle des histoires dynastiques : à la chute de chaque dynastie, le nouveaux détenteur du mandat Céleste confiait à des historiens le soin de confectionner une histoire de la dynastie précédente pouvant servir à en tirer des enseignements et fondée sur un important travail de compilation et de recherche historiographique commencé par un office officiel des historiens de cour sous la dynastie suivante. Ce système outre le fait d’être extrêmement avantageux pour la connaissance historique est ainsi aussi un moyen de s’assurer la continuité historique de la civilisation Chinoise en dépit des changements de main du Mandat Céleste et aussi de servir de guide et de boussole morale et politique au dirigeant, de même que de fournir une raison au nombreux candidats à l'examen impérial sur le bien fondé et la nécessité d’oeuvrer pour la justice dans l’Empire à travers les illustres exemples des personnages décrits dans ces histoires autant véridiques que moralement édifiantes.
Ainsi, il y a près de 2000 ans Sima Qian réalisait déjà la synthèse entre histoire à mérite scientifique et histoire à valeur unificatrice et morale que prétend aujourd’hui ériger l’Union Européenne, et il montrait déjà que l’Histoire peut être source de justification politique, avec l’importance des documents, comme d’une certaine façon l’a tenté Vladimir Poutine dans son interview.
Néanmoins, un fait interessant concernant le Shiji et le travail de Sima Qian, qui diffère un peu de l’absolu scientifique factuel d’un travail d’Historien tout en touchant à des domaines différents de vérité littéraire, politique et morale découlant de l’Histoire, est son inclusion dans la très solide oeuvre historique du Shiji d’élements relevants de la Mythologie et de l’épopée notamment à travers la figure fondatrice de l’Empereur Jaune.
Partout sur terre, de la Mésopotamie à la Chine antique, l’épopée précède l’histoire comme gardienne des expériences humaines.
L’archéologie peut nous en apprendre énormément, c’est une science d’une importance capitale autant qu’elle est passionnante, autant dans sa rigueur méthodologique que dans les faits qu’elle exhume et ranime, mais pourtant rappelons nous le professeur Jones, les faits ne sont pas la même chose que les vérités, or, l'épopée, si elle présente des faits déformés, n’en est pas moins porteuse de vérité anthropologique profonde que les êtres humains ont cherché à préserver en tant que grand récit de leur passé, qu’importe si ce passé est plus allégorique que véridique.
S’il ne faut pas rejeter les faits et la science, il ne faut pas non plus mettre aux oubliettes ou rejeter le contenu politique ou moral de l’épopée mais bien essayer de comprendre pourquoi et quelles valeurs recèlent pour les anciens ces leçons de morale déformées sur les grands actes et grands personnages du passé.
Dans notre cadre de l’oeuvre de Sima Qian, Sima Qian n’était pas un illuminé, c’était un savant rigoureux et un homme à l’esprit critique, avisé, et pourtant, à coté des travaux précis et solides de documentation et d’analyses des documents anciens, il choisit bel et bien de faire remonter son histoire de la Chine à des figures légendaires comme l’Empereur Jaune.
De la même manière en Occident, les historiens romains qui eux aussi offraient une histoire pleine de couleurs et d’élements frappants (mais que l’historiographie critique n’a pas epargné en leur donnant souvent un faible crédit quant à leur fiabilité et leur “neutralité” notamment pour les periodes plus anciennes de la Ville Eternelle), choissirent de faire remonter la République à Brutus, personnage quasi légendaire, remis en cause par des historiens modernes, afin de faire ressortir dans “l’adn” même de la Res Publica des valeurs de patriotisme, d’abnegation, de sens du bien public, d’amour de la liberté (et même de l’égalité de par ses racines plébéiennes) Sima Qian choisit de s’emparer dans son histoire, pour faire ressortir les valeurs confucéennes, et servir d’exemple moral en reprenant la figure civilisatrice et lettrée de l’Empereur Jaune légendaire, non pas d’une masquarade historique mais bel et bien pour servir la visée téléologique du travail historique : outre l’exhumation des faits, inspirés et éclairés, les oeuvres du présent, ici à travers une morale confucéenne.
Or nous vivons dans un monde où tous se revendiquent d’Orwell et une de ses leçons les plus citées est celle qui nous dit que “quiconque contrôle le passé, contrôle l’avenir” (d’où les déclarations européennes et poutiniennes pour leurs intérêts respectifs) rappelant donc, qu’invariablement, en tant qu'êtres humains, nous ne pouvons pas détacher les faits de leurs interprétations et de leurs conséquence morales et politiques naturelles (ce qui ainsi n’excuse pas, au contraire, les utilisations malhonnêtes ou malfaisantes de l’histoire pour réaffirmer des actions présentes ou à venir mais, au contraire, cela les explique en rappelant la force innée de l’Histoire dans l’action humaine, mettant en garde justement contre tous ceux qui tentent de détruire le passé, que ce soit au nom d’une critique pseudo-scientifique qu’au nom de la justification de leur projet politique) et l’épopée, en celà, si elle représente un passé tellement reculé qu’il en oublie les faits exacts, n’en demeure pas moins, en tant que récit, le reflet puissant et littéraire de ce même passé à même d'inspirer les Hommes en bien ou en mal.
Ainsi, sous cet angle, nous pouvons revenir sur la vision des évhéméristes, érudits, pratiquants la remise en question des mythes anciens qui sont vus comme une déformation ancienne de récits historiques à propos d’hommes bien réels.
Par exemple, parmi eux, existe l'exemple fameux des moines copistes et évangélisateurs du monde scandinave qui considéraient que les dieux et demi-dieux des sagas et autres épisodes étaient en fait de lointains héros oubliés et divinisés par leurs peuples guerriers.
L'évhémérisme est une vision sceptique des choses, doutant du bien fondé des éléments fantastiques, étranges ou trop bien amenés des mythes mais de ces éliminations et réinterprétations sceptiques, l'évhémérisme remet en perspective l’importance des événements historiques et de leurs récits magnifiés par les populations : pour les évhéméristes, un héro mythique est soit un grand homme que la tradition orale a divinisé, soit un ancien dirigeant qui, pour légitimer son pouvoir, s’est accaparé une grande place mythique.
De cela, nous pouvons donc tirer deux choses, que les récits du passé ont bel et bien une fonction politique (que nous détaillerons) et que, en dépit des déformations factuelles, il y a un intérêt mémoriel collectif dans le contenu du mythe et du récit qui n’est pas à proprement parler totalement détaché du fond des choses.
Les Historiens modernes sur bien des aspects ont, lorsqu’il s'agit de l’Histoire Ancienne, une approche presque évhémériste (et non pas néo-évhémériste qui est le nom que se donnent entre eux les tenants de la théorie des anciens astronautes) notamment lorsqu’ils déclarent, face aux évidences historiques, archéologiques et à l’étude historiographique, que tel grand personnage du passé est en fait un agglomérat de plusieurs personnages ou événements bien réels créés sous l’effet de la tradition orale ou des besoins politiques et narratologiques anciens afin de rendre l’histoire plus vivante ou plus grande au yeux des peuples qu’elle fédère.
Pensons à Moïse, dont aucune source ancienne n’en confirme l’existence historique en ces temps proto-historiques du peuple Hébreux, mais dont l’impact religieux et philosophique est pourtant la pierre angulaire de trois grandes religions, voire de deux Civilisations complètes, sans que son historicité ou sa non historicité ait un impact sur la foi ou la valeur de la morale ou des rites et des traditions que l'on prête à ce personnage.
Nous pouvons aussi penser dans l’Histoire Corse à Sambucucciu d'Alandu, grand personnage quasi mythologique qui daterait soit du XIème siècle soit du XIVème siècle, mais dont l'existence justifie et magnifie l’abolition en Corse du féodalisme et sert, dans la vision Corse, qu’importe son historicité, de grand héro repère des choses en regard de l’égalité, de la liberté, de la démocratie et de la patrie.
Pour bien comprendre ses mécanismes de magnification de l’Histoire, pensons enfin à la Guerre de Troie.
La Science et l’Histoire moderne ont aujourd’hui prouvé l'existence de la cité de Troie : le site archéologique de la ville en elle même, que des fouilles mal considérées et peu scientifiques ont malheureusement profondément endommagé au XIXème siècle, et des écrits contemporains émanants des peuples hittites voisins permettent de s’assurer qu’une telle ville a bel et bien existé, d’autant plus que, dans le peu de traces archéologiques restantes, semble montrer que des conflits ont eu lieux, bien que la chute de la ville soit plus graduelle.
Si l'obsession homérique des premiers archéologues ayant étudié avec peu de méthodologie ces périodes anciennes de la méditerranée orientale et que la science a depuis permis de lever une partie de l’ombre pesant sur cette portion factuellement obscure de l’Histoire, le fait est que si Agamemnon, Hélène, Pâris, Hector, Patrocle et Achille n’ont vraisemblablement pas existé, ou tout du moins leur existence n’est factuellement assurée et serait moins grandiose que dans l’Iliade ou le reste du cycle de Troie, la tradition orale et les Aèdes, jusqu’à leur fixation par Homère (ou tout du moins au moment où la tradition orale est devenue tradition écrite a fixé le récit au travers d’une autre figure mythologique qui est celle d'Homère), les transmetteurs, collectivement, face aux faits bien réels de la chute de Troie, ont inconsciemment ou consciemment donné cette forme épique et mythologique au moment de s’en rappeler.
L’aspect mythologique est ainsi formateur, replaçant le défi dans des perspectives morales mais aussi servant de liant politique.
Pensons à l'Enéide de Virgile, plaçant Rome dans la descendance de la Troie Mythique, bien que l’Enéide ne se présente aucunement comme historiquement factuel mais serait, bien que structurant, une vision épique des origines lointaines du peuple romain, de même, pensons aux rois de France qui, au moyen âge, eux aussi se plaçaient symboliquement dans la suite de Troie.
Outre les caractères héroïques et édifiants de ses personnages, outre le fait de servir de leçon sur des passions telles que la colère, le récit de la guerre de Troie, si important dans la culture classique, sert aussi, d’une certaine façon, de liant culturel, car quiconque sait lire se réfère à ce texte, mais aussi il serait possible d’arguer que ce texte peut servir de base politique à une idée d’unité du monde Grec, à travers la coalition des Achéens, en plus des origines troyennes auxquelles se réfèrent les romains et les rois francs.
C’est ainsi que l’U.E et Poutine utilisent l’Histoire : à visée de fédération et de puissance morale, nous l’avons établi.
Ce qui nous permet de revenir aux considérations franco-françaises sur le roman national.
Si l’Histoire moderne a pu mettre en cause un certain nombre de mythes laïcs et historiographiques sur l’Histoire telle que présentée par le Roman, qu’il soit national et Français ou plus généralement Occidental dans le sens de la vision traditionnelle du récit historique : pensons ainsi à la réhabilitation du règne de Napoléon III et à son rôle dans l’économie Française, à celle du Moyen-Age qui fut un temps propice à la pensée et à l'art via notamment la scolastique, les cathédrales et ce, peut-être, dès Charlemagne (bien que la perte de la qualité de vie et de la transmission du savoir après le sac de Rome en 410, et que l’essor formidable de la pensée à la Renaissance ne peut pas non plus être remis en cause en dépit du travail salutaire des monastères et de l’Eglise dans la transition des temps romains au nouveau monde médiéval.
Dans les mouvements de consolidation et d’affirmation romantique nationale en Europe au XIXème siècle, le liant fut souvent le folklore musical, la nature, les traditions populaires mais en France, pays politique, élitiste et jacobin par nature, le romantisme s’est bâti sur un seul homme : Napoléon.
Si bien sûr, le récit historique dans les autres nations européennes à ce moment du “Printemps des Peuples” et du “Nationalisme Romantique” n’était pas écarté, ainsi pensons aux Ukrainiens et aux Polonais qui, eux aussi, ont leur propre roman national qu’ils ont opposé à celui déployé par Vladimir Poutine dans son interview avec Tucker Carlson.
Le fait est que, dans beaucoup des nations voisines, ce sentiment commun émanait de caractéristiques plus précises que mettaient en avant les romantiques : des traditions communes, des contes et légendes, des chants populaires, des paysages et la manière dont les hommes de ces pays les habitent, etc ; tandis que la France, elle, a choisi le grand récit historique et ses grands hommes, et la tradition française de la panthéonisation traduit bien cette aspect là de l’Histoire : la Patrie “reconnaissante” honore ces grands hommes du passé en les “panthéonisant”, littéralement en faire des dieux civiques.
C’est le sens de la phrase de Jaurès, parfois attribuée aussi à Gustav Malher, sur la tradition qui est la transmission de la flamme et non la vénération des cendres : le panthéon divinise peut être les cendres des grands hommes reconnaissant mais leur présence sert aussi à galvaniser et inspirer dans le présent les générations actuelles dans le souvenir de leur actes héroïques et le fait que le nombre des grands hommes du Panthéon ne soit pas fixe mais que chaque génération peut y adjoindre ses propres héros, montre que l’histoire continue et est affaire de transmission; C’est aussi pour cela que la panthéonisation est un enjeu si politique, en ajoutant au panthéon national un grand personnage, c’est sanctuariser une page nouvelle dans le roman national mais aussi dicter, ou tout du moins expliciter ou interpréter, les grandes visions et grands combats du temps présent par le rappel de ceux du “grand homme (ou femme)” panthéonisé, c’est un appel autant qu’une sanctuarisation. En choisissant de bâtir ce panthéon que la dédicace au fronton déclare “Aux grands Hommes, la Patrie Reconnaissante”, la France décide donc de perpétuer la tradition et permet bien de voir que dans cette vision romantique de la nation, en choisissant ainsi d’intégrer au roman de nouveaux grands hommes de voir à quel point la place du récit est grande pour la constitution française de la nation et dans ce récit, à quel point la figure des grands hommes est fondamentale pour ce nationalisme romantique.
Lisez ou relisez le magnifique chapitre deux de “La confession d’un enfant du siècle” d’Alfred de Musset et constatez que, là où les romantiques allemands ou d’europe de l’est célèbrent le folklore de leur patrie, en France, le romantisme célèbre un homme qui était le prométhée moderne, le refondateur ou le fondateur de la patrie.
La langue, les traditions et les désirs démocratiques partout en Europe ont contribué à lier les peuples entre eux et à leur faire prendre conscience d’une destinée nationale commune.
En France, si la France est indubitablement le plus vieil état nation d’Europe de par les plus de mille ans de monarchie centralisatrice et d’état fort, ces mouvements du XIXème siècle de nationalisation des coeurs et des esprits se fédéraient par le sentiment commun d’avoir participé à deux épopées, celle de la Révolution, tout d’abord, et, ensuite, sa glorieuse continuatrice, celle Napoléonienne qui a brassé les gens de toutes les régions et provinces de France, à la fois dans une aventure et dans une allégeance commune à un grand homme.
Les grognards revenants de guerre restèrent tous d’ardents bonapartistes et c’est dans ce souvenir d’une aventure et d’un grand homme en commun que se fonda le nationalisme romantique français, dans une optique plus politique que romantique peut être, mais de façon adjacente à nos voisins.
Et ainsi de cela, au fil du XIXème, dans un esprit rationalisateur plus que sentimental, et dans une vision centralisatrice et jacobine hostile aux traditions diverses populaires, les intellectuels français, forts de l’héritage de la construction de l’état par l’héritage monarchique impérial et révolutionnaire ont instauré le roman national français.
Fondé sur l’Histoire, ce roman convoque pas moins le mythe dans sa force et sa visée : celle de montrer que la France “la géographie l’a fait belle et l’Histoire la fait grande” et qu’il y a une continuité presque entre “nos ancêtres les gaulois” jusqu’à “la République, notre Royaume de France”.
Le Roman national, même s’il a des racines bonapartistes, est une entreprise républicaine, qui sert à montrer qu'à travers ses grands hommes et ses grandes femmes, la France s’est construite dans une logique visant à garantir à tous ses citoyens quelques soient leur régions, des mêmes droits, une même langue et une même raison.
Ne crachant pas sur des figures “royalistes” comme Jeanne d’Arc ou Saint Louis, l’Histoire qu’enseignèrent les Hussards Noirs de la République aux petits français qu’ils accompagnèrent au cours d’une campagne sans précédent d’éducation populaire, donne corps et incarnation à l'idée française et à l'appartenance républicaine au delà et par delà les régions.
Si nous pouvons, et j’en fait partie, critiquer l’éradication dans le même cours des choses la grande diversité des cultures, langues et traditions régionale, le fait est que c’est bien cette histoire, autant que la grande guerre et l’experience commune, qui lia définitivement ensemble tous les Français, qu’importent d’où ils venaient y compris les premiers immigrés italiens ou polonais qui après cela ont décidé d’embrasser cette histoire et de participer à son écriture nouvelle (d’autant plus que ces Hussards Noirs ont aussi appris à lire, compter, écrire et penser à des générations de citoyens en plus d’avoir ouvert leurs coeurs et leur esprits via l’Histoire à l’amour de la France).
Comme décrit justement par Ernest Renan (que nous avons brièvement évoqué au début de cet article) la volonté de continuer de vivre ensemble repose sur l’oubli et le souvenir des grands instants passés et donc cette histoire vue comme cela, au moins pour les enfants et l’imaginaire quitte à proposer à côté, dans le cadre de la recherche scientifique, une histoire moins romantique, a un role extremement important (d'où encore une fois les tentatives historiques de l’Europe et du président Russe), or, le Roman National en soit est basé sur des faits.
Si on peut remettre en cause évidemment le vase de Soisson ou l’Histoire de l’Ampoule de Clovis, le fait est que Jeanne D’Arc bouta réellement les Anglois hors de France, que Napoléon était véritablement revenu quand fleurissaient les violettes et que, suite au serment du jeu de Paume, les représentants du tiers état ne se séparent vraiment pas avant d’avoir offert une constitution à la France.
Ainsi, comme pour Sima Qian, ce roman national qu’enseignent les hussards noirs, dans cette optique “renantienne”, offre une histoire autant que liant et leçon à apprendre, témoignant de la force de l’épopée et des résonances du passé dans l’action et la vision politique.
Le Roman national n’est pas artificiel, ces grands personnages ont vraiment été ceux de la France dans ses divers régimes et étendues territoriales, mais s’il ne correspond peut-être pas aux canons scientifiques (bien que son appréciation enfant peut faire plus tard goûter à la science historique tout comme Star Trek peut guider vers la physique par exemple), il correspond à un besoin et à un sentiment profond chez les groupes politiques qui s’en réclament et décident, souvent naturellement de s’y identifier.
C’est aussi un appel à le perpétuer, à l'idéalisme et à l'action, comme dans le sens de la fameuse citation de Jean Jaurès évoquée plutôt sur le culte des ancêtres comme un passage de flambeau ou aussi ainsi le sens de la Panthéonisation autant qu’un appel aux nécessités aussi d’un conservative et à l'adoration du passé pour le maintien des institutions démocratiques et une vision commune des choses, les deux n’étant pas d’ailleurs incompatibles. Rappelons nous ainsi les vers très fameux d’Horatius du Baron Macaulay :
“Death cometh soon or late.
And how can man die better
Than facing fearful odds,
For the ashes of his fathers,
And the temples of his Gods”
“La Mort devant venir tôt ou tard
quelle meilleure façon de mourir un homme puisse t’il trouver
que de faire face à des circonstances terrifiantes
pour honorer les cendres de ses pères
et les temples de ses dieux”
L’Europe et V.Poutine l’ont compris, peut-être à tort, et peut-être dans des desseins néfastes, mais ces vieilles idées sur la force de l’Histoire, dans un cadre démocratique ne devraient pas être laissées dans le placard du XIXème afin que le sens du “vivre ensemble” comme disait Ernest Renan soit de nouveau tangible pour le citoyen afin qu’il comprenne d'où viennent ses droits et devoirs envers son prochain aussi que ne pas s'acculturer et rester à même de comprendre les directions générales de la cité.
Les critiques marxistes et post-modernes du roman national ainsi ne doivent pas être perçues comme la vision scientifique de l'histoire qu’ils prétendent faussement incarner derrière leur biais idéologiques et leur interprétations colorées des faits.
S'il y a une place pour la science, il y en a aussi une pour le coeur qui vient naturellement à tout humain face à la vision des faits, d’autant plus que les faits, dans notre monde changeant et impermanent, sont eux mêmes tellement nombreux et contradictoires qu’ils ne peuvent être l'alpha et l’omega de la perception coupée de la raison et du sentiment car sinon c’est la porte ouverte à la confusion ou à la manipulation par des mauvais génis qu’ils soient marxistes ou impérialistes, souverainistes ou mondialistes et qui détournent les faits de leur choix en prétendant avoir le monopole du sérieux de leur interprétation.
L’esprit de Sima Qian ainsi semble être un bon compromis entre scientificité et romantisme et morale, nous sortant de la caricature que font les post-modernes d’une histoire ne pouvant être à la fois édifiante et sérieuse, là où, eux mêmes, sont souvent des gens engagés plus que de vrais scientifiques. (La recherche des faits par les archéologues et tout étudiant des textes et choses anciennes restant tout de même un impératif pour la vie intellectuelle humaine).
Si l'on peut ainsi refuser les récits à la fois documentés, à l'apparence ou à la nature de scientificité, et “romantique” que veulent nous proposer le parlement européen et Vladimir Poutine, que ce soit pour des raisons historiographiques, sentimentales, politiques ou logiques, ces exemples récents et anciens illustrent bien la force de l’Histoire, elle écrase les hommes qui n’en sont finalement que le véhicule mais elle est aussi le vent qui peut pousser leurs voiles, qu’importe si elles mènent leurs vaisseaux nationaux (ou transnationaux) vers des grandes découvertes ou quelques funestes croisades guerrières.
Comme tous les outils que la raison, l’imagination et la science offrent aux êtres humains, le mieux alors n’est pas de les déconstruire (même si il est toujours mieux de savoir comment ils fonctionnent) de peur de ne plus pouvoir les réparer ou de savoir s’en servir, mais bien de les utiliser sagement et intelligemment pour servir les intérêts du bien public et de la morale supérieure, la démocratie ainsi, fille de l’Histoire, n’est pas la négation ou la surélévation par rapport au passé mais bel et bien la prise du contrôle populaire des directions de l’avenir, et l’Histoire étant, comme nous avons pu le voir, la seule boussole collective de l’humanité dans ce voyage, y compris et surtout le roman et l’épopée.
https://www.europarl.europa.eu/doceo/document/TA-9-2024-0030_FR.html
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